ISSN : 2266-6060

Anthropo-Seine

Paris, janvier 2018.

On dit que l’Anthropocène (ou Capitalocène, ou Plantalocène) se repère notamment dans la multiplication des discontinuités. Le passant attentif en a peut-être déjà une première mesure, par exemple en traversant Paris, striée par les traces de crues. À nouveau, personne n’a pu manquer l’information : c’est sérieux ; il n’y a plus de RER C, on suit les bulletins Vigicrues et on redécouvre les zouaves. On saura bientôt si la Préfecture pose des témoins (à moins que ce soit la Mairie, le droit change au 1er janvier 2018, en attendant nul ne sait comment s’opèrera le transfert).
Ici, le marquage est plus fragile. Un large bandeau de scotch parcourt les murs et barre l’accès aux sanitaires. Au-dessus, une affiche explicite la condamnation : la direction craint que la Seine ne s’invite dans les vestiaires. Alors, nouvelle discontinuité, nous ferons du sport sans accéder à l’eau et irons nous hydrater en sortant, à la fontaine publique, située un peu plus loin sur le boulevard. Une fontaine où, à l’heure des distributions de nourriture, précaires en tous genres font eux aussi la queue pour se rincer et se désaltérer. Décidément, l’Anthropocène recompose et déplace de manière toujours plus inattendue les refuges et les ressources, car ce soir, ça fait une semaine que notre petit groupe se glisse dans la file.



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