ISSN : 2266-6060

Suspension

La Rochelle, décembre 2009.

On le sait, la calligraphie s’inscrit dans une tradition séculaire et puise ses racines dans diverses civilisations. Tantôt réservée aux scripteurs chargés de contribuer à la grandeur des souverains, tantôt dévolue aux copistes assurant la transmission des manuscrits, tantôt associée aux sciences occultes, elle désigne l’art de bien former les écritures. Qu’il s’agisse de lettres enluminées ou de caractères illustrés, les propriétés esthétiques priment. Cette qualité visuelle est généralement mise en avant pour résumer la maîtrise du calligraphe.

Face à l’assortiment aligné ici, on comprend certes que la production calligraphique nécessite de longues heures d’apprentissage, ne serait-ce que pour savoir choisir le bon ustensile et être en mesure d’effectuer ce qu’on considère comme un véritable “geste” calligraphique. Mais la présentation monumentale de ces pinceaux force également le respect. Elle arrive à nous faire oublier, au moins pour un temps, l’esthétique des écritures et la grandeur du calligraphe. Nul besoin des œuvres et de l’auteur pour saisir toute la profondeur de cet art. Laissés en suspend, pour les sortir de l’ombre dans laquelle les simples intermédiaires résident généralement, ou pour rappeler l’hésitation qui travaille chaque geste même le plus calibré, ces instruments d’écriture sont eux-mêmes érigés au rang d’art visuel.



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