ISSN : 2266-6060

Coulisses partout


Paris, juillet 2018.

Avez-vous remarqué le nombre d’événements mettant en scène les coulisses ? Expositions consacrées à la restauration des collections ici, la maintenance des œuvres contemporaines là, techniciens et matériaux du décor visibles sur scène, parois transparentes laissant apparaître les bureaux de l’administration, ou encore artistes s’échauffant, se costumant et, évidemment, se déshabillant sur scène. La prolifération est telle que l’on serait tenté de croire que les épais rapports d’activité, les études des publics et les comptes rendus financiers n’auraient pas suffi à donner chair à la vénérable Transparence. Comme s’il fallait la repeupler et ainsi reprendre, à bras le corps, la question de l’accès des publics.
En voici un exemple de nature à piquer la curiosité de Scriptopolis. Dans cette reprise des Tragédies romaines, le public est convié à arpenter la scène de Chaillot, prendre place dans les canapés moelleux disposés sur le plateau pour voir la pièce par le milieu. S’il trouve le temps long, il peut se sustenter côté cour, en achetant, au nez des acteurs, une collation. Côté jardin, costumières et maquilleuses s’appuient sur une longue table, devant laquelle les acteurs défilent régulièrement. Le studio y est rendu observable : les fards, les poudres, les barrettes et les laques nécessaires à l’incarnation attendent d’être regardés (et peut-être touchés). Entre le script volumineux et ces instruments de modelage de Volumnia, Cléopâtre et Brutus, une maquilleuse a décrit, scène par scène, la fabrique des visages. S’agit-il d’un aide-mémoire (ou d’un instrument de coordination pour l’équipe), ou bien serait-ce, aussi, une manière de descendre un cran plus loin dans la transparence, en exposant au public le codage des personnages ? L’ostentation introduit le doute et redouble la présence de cette forme contemporaine et fétichisée de transparence.



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