ISSN : 2266-6060

Confiance

prunes

Gouda, août 2013

La zone humide entremêle canaux, animaux d’élevage et petites routes traversantes. Ici et là, des maisons nous rappellent qu’il y a tout de même des habitants et non seulement des touristes à vélo admirant les oiseaux. Et puis, au détour d’un virage, sur le côté, on aperçoit un petit support couvert d’une nappe avec un panier et une boîte. Le message, bien qu’écrit en néerlandais, est simple à comprendre pour un francophone : les prunes sont à vendre pour 50 centimes par sac. Nul besoin de les cueillir sur les arbres. Ici, elles ont même été triées, lavées et empaquetées : aller directement du producteur au consommateur n’implique pas que les tâches intermédiaires logistiques, techniques et commerciales aient pour autant disparu.

Une vente, mais pas de vendeur : aucun bruit ne provient de la maison située à 50m et il n’y a pas âme qui vive à l’horizon. Personne pour regarder combien de sacs vous prenez, ni si vous déposez la somme correspondante dans la boîte plastique, où se trouve le produit de transactions antérieures. Personne pour négocier le prix, pour argumenter sur la taille respective des sacs, pour découvrir où sont les pruniers. Personne à interroger sur la vie menée ici, entourée d’eau. Ni échanges, ni tiers de confiance, ni marché, ni pourboire : une transaction à l’état pur, matérialisée par ce simple écrit, à la rencontre entre des voyageurs de passage affamés et des fruits déposés là.



Laisser un commentaire