ISSN : 2266-6060

Calme


Montpellier, février 2019.

La gériatre passe plusieurs heures par jour, seule, assise devant ses écrans situés dans cet étrange cabinet du fond du couloir. À l’aide d’un équipement vidéo, elle se téléporte dans le chariot des infirmières d’une dizaine d’EHPAD de la région. Elle guide la réalisation de certains soins (plaies, escarres, ulcères et autres maladies chroniques), reçoit et interprète les résultats des examens depuis son siège, prescrit des traitements palliatifs et la pharmacologie des pathologies psychiatriques et de la démence sénile. Elle répond aussi aux sollicitations des professionnelles et participe aux décisions de déplacer ces fragiles patients. Ainsi, elle suit et accompagne des centaines de personnes âgées et leurs aidantes. À moindre frais et sans déplacement. Quelques fois, lorsque les patients sont transportés jusqu’à elle, elle administre directement les soins.
Cet agencement vidéo, scriptural et humain, apparemment bien rôdé, nécessite toutefois quelques conditions préalables : une bonne couverture internet des établissements, le très haut débit, la solidité des caméras, des micros et de tous les équipements informatiques, la fiabilité des logiciels, de la réparation, de la maintenance… et beaucoup de calme. Les affiches et secrétaires médicales doivent empêcher les patients et les soignants de rester à proximité du cabinet au risque de troubler cet agencement complexe dans lequel le moindre grésillement, la première interpellation pourrait saper la qualité de cette médecine à distance.



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