ISSN : 2266-6060

3, 2, 1…

Montréal, mars 2009.

On le sait, les technologies de l’information sont partout, elles ont accompagné des transformations importantes dans des domaines très variés, aussi bien dans la vie professionnelle que dans les foyers et dans la pratique des loisirs. Dans la ville aussi, elles sont présentes. Une grande partie d’entre elles tissent des infrastructures informationnelles complexes qui restent invisibles.

Elles offrent de nouvelles manières de gouverner la ville en permettant la remontée de traces hétérogènes qui, une fois articulées, produisent des vues inédites sur la vie urbaine. En miroir de ce gouvernement par la circulation de données périphériques vers un centre de calcul et d’observation, on trouve d’innombrables outils qui proposent au citoyen le plus ordinaire de gouverner lui-même ses pratiques. Une bonne partie d’entre eux fonctionnent sur la transformation de l’espace en unités temporelles. On sait par exemple juste avant d’entrer sur le périphérique parisien le temps de parcours que nous prendra le trajet jusqu’à telle ou telle porte. Pour savoir si une rame de métro s’approche, il n’est plus besoin de se pencher pour scruter les ténèbres du tunnel, il suffit de surveiller le compteur qui égraine les minutes d’attente qu’il nous reste.

Les rues de Montréal arborent de petits panneaux dynamiques du même genre. Ils répètent inlassablement un compte-à-rebours qui indique aux piétons le temps qui leur reste avant que les voitures ne viennent à nouveau envahir la chaussée. Instruments de gouvernement et d’autodiscipline, évidemment, mais il y aurait sûrement beaucoup d’autres choses à en dire. On est curieux, à vrai dire, d’imaginer la variété des usages possibles de ce micro-dispositif. Chronométrer son temps de traversée et tenter d’établir des records. Compter en fermant les yeux, puis les ouvrir et vérifier que l’on tombe sur le bon chiffre. Repérer dans la ville les temps moyens laissés aux piétons selon les types de rues et les quartiers. Adapter sa démarche pour utiliser exactement la totalité du temps disponible pour traverser.
Et vous, vous feriez quoi vous ?



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